Макро Sophie Thouvenin.
Itiner'erre vert ...
A contre-courant d'air, j'ai quitté mes terres pour rejoindre des îles.
Les nuages s'égrainent, goutte-à-goutte aérien sur azur.
Retrouver un peu de cet or qui court dans les champs, soufflé par les
herbes hautes.
Les rivières charrient l'hiver jusqu'aux premières heures du
printemps, brunes, lourdes .. un reflet bleu d'air, et le courant
emporte avec lui le froid, l'absence, le plafond bas et la nuit des
goûters siesteux.
Errer d'arbre en arbre, s'écorcher l'enfance aux écorces friables.
Fragile. Les serrer fort entre mes bras .. je n'oublie pas mes
promesses, ni les leurs. Dire merci, et s'en aller.
On ne se rappelle pas de ce qui nous hante ... ma maison me hante; ne
pas me demander si je m'en souviens, elle est dans ma tête, du fond de
mon âme jusqu'à la surface. La solitude en enfance est un long voyage
dont on ne revient jamais. La solitude en enfance, c'est mijoter,
c'est se faire, s'éprouver un peu au milieu des éléments;
avoir peur, mais envie de ces forêts qui palpitent au moindre vent.
C'est se forger des arcs de noisetier. Se laisser aller vers les ombres contre
le mur brûlant. Se fondre dans les couleurs, s'imprégner de la
lumière, l'éponger comme on respire de l'oxygène, s'en remplir les
yeux comme on boit cul sec, jusqu'à plus soif. S'accorder la nuit
juste pour le manque d'elle. Se ravitailler à la lune, siroter ses
lueurs et fermer les yeux.
Ca grouille sous les paupières. Je vois rouge. La sève monte au moral.
Pulsations saccadées. Eveil.
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